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Quand LinkedIn vous rend dépressif : une réflexion personnelle et scientifique

Photo du rédacteur: Sébastien GENTYSébastien GENTY


Quand je n'en pouvais plus de LinkedIn

L’année dernière, au début du mois de janvier, j’ai fait une pause "forcée" de LinkedIn. Pas par lassitude du réseau, ni par manque d’intérêt – au contraire, LinkedIn fait partie de mon écosystème professionnel et m’a souvent offert des opportunités précieuses. Mais j’ai dû m’arrêter, car je me suis rendu compte que quelque chose n’allait pas.

Au fil des mois de novembre et décembre 2023, un sentiment de mal-être s’installait insidieusement en moi. tout d'abord, j'ai mis çà sur le compte de la charge de travail, et ensuite sur les l’effet des fêtes de fin d’année – vous savez, ce blues qui touche certains à l’approche de Noël (Cf article sur la natalophobie). Mais une fois janvier arrivé, alors que tout aurait dû rentrer dans l’ordre, je constatais que ce poids pesait toujours sur mes épaules. Fatigue, perte de motivation, un sentiment d’illégitimité grandissant… Je n’arrivais pas à en identifier la cause.

j'ai décidé de m'observer, de m'autoévaluer avec plus d’attention et j’ai commencé à voir un lien entre mon état et mon activité sur LinkedIn. Chaque jour, j’étais exposé à une avalanche de succès affichés par les autres : nouvelles promotions, entreprises florissantes, réussites éclatantes, etc. Et moi ? J’avais l’impression de stagner. De ne pas être à la hauteur.

C’est alors que j’ai commencé à creuser, à chercher des études scientifiques sur l’impact des réseaux sociaux sur la santé mentale. Ce que j’ai lu et appris m'a beaucoup aidé. Ce que je livre là n'a pas pour intention de se livrer à une plaidoirie en faveur de mon image, ou que sais-je d'autre. Mon objectif est de partager des informations qui peuvent aider à mieux comprendre et appréhender celles et ceux qui vivent ce sentiment singulier. 

Voici donc, en synthèse, les résultats des études que j'ai lues sur l'impact des réseaux sociaux sur la santé mentale.


1. La comparaison sociale : ce poison insidieux

La comparaison sociale est un phénomène bien connu en psychologie qui repose sur un mécanisme simple : nous évaluons notre propre valeur en fonction des autres. Sur LinkedIn, cette comparaison est omniprésente et souvent biaisée.

Des recherches menées par l’Université du Québec montrent que les comparaisons négatives sur Facebook sont directement liées à des symptômes dépressifs et anxieux. LinkedIn fonctionne sur le même principe : la mise en avant des succès professionnels et des parcours brillants crée un standard élevé, parfois inaccessible. Résultat ? Un sentiment d’échec, d’illégitimité, voire de profonde démotivation.

Une étude publiée dans le Journal of Medical Internet Research a d’ailleurs révélé que l’usage intensif de LinkedIn est associé à une augmentation des symptômes dépressifs et anxieux. Pourquoi ? Parce que nous nous exposons constamment à des réussites embellies, à des carrières idéalisées, sans voir la réalité qui se cache derrière ces publications.


2. Le syndrome de l’imposteur : quand LinkedIn renforce nos doutes

Le syndrome de l’imposteur est ce phénomène où l’on doute de ses propres compétences et où l’on a peur d’être "démasqué". Chez certains utilisateurs de LinkedIn, ce syndrome s’amplifie à cause du flot incessant de publications valorisantes.

Une étude publiée dans The Lancet montre que les jeunes adultes exposés quotidiennement aux réseaux sociaux sont plus enclins à ressentir ce syndrome. Certains membres de LinkedIn, en mettant en scène des carrières exceptionnelles et des réussites impressionnantes, alimentent ce sentiment d’illégitimité.

Nous nous comparons à des personnes qui, souvent, ne montrent que le meilleur de leur parcours. Nous voyons leurs réussites, mais rarement leurs échecs, leurs doutes ou leurs moments de faiblesse. Résultat ? Nous avons l’impression d’être les seuls à lutter, les seuls à ne pas être "assez bons".


3. LinkedIn et l’insécurité professionnelle : un facteur de stress toxique

Une étude britannique a démontré que LinkedIn peut renforcer l’insécurité professionnelle en confrontant les utilisateurs à des parcours idéalisés. Ce phénomène est d’autant plus marqué chez ceux qui sont en recherche d’emploi ou en période de doute professionnel.

Les algorithmes de LinkedIn favorisent les contenus à fort engagement, ce qui signifie que les publications qui cartonnent sont souvent celles qui affichent des succès éclatants. Cela crée une distorsion de la réalité : nous voyons plus de réussites que d’échecs, renforçant l’impression que nous sommes à la traîne.

Selon une étude du Journal of Adolescent Health, cette surexposition aux succès des autres peut entraîner une diminution de l’estime de soi et un sentiment accru d’anxiété.


4. Une réflexion sur notre usage de LinkedIn : faut-il prendre du recul ?

Face à ces constats, je me suis posé la question suivante : comment utiliser LinkedIn de manière saine, sans tomber dans ces pièges psychologiques ? Alors, je n'ai pas de réponse très claire, mais j'ai testé quelques usages, ou plutôt, adopté quelques nouveaux comportements.

Voici quelques pistes de réflexion :


  • Limiter son temps d’exposition : Réduire la consultation quotidienne et éviter de scroller sans objectif précis.

  • Développer un regard critique : Garder à l’esprit que les publications peuvent être embellies et ne reflètent, parfois, qu’une partie de la réalité.

  • Partager aussi ses échecs : Briser le tabou de la réussite parfaite en osant parler des défis et des difficultés rencontrés; c'est un des buts de cet article.

  • Échanger avec sincérité : Utiliser LinkedIn comme un véritable réseau d’entraide et non comme une vitrine de perfection.


Et vous, comment vivez-vous LinkedIn ?

Vous l'aurez compris, j'ai décidé de revoir ma manière d’utiliser LinkedIn. J’y suis retourné après ma pause, mais avec un regard plus lucide. J’ai appris à prendre du recul sur les publications que je lis, à me détacher de la comparaison toxique et à valoriser les échanges sincères. A ma manière j'essaie de ne pas contribuer à alimenter ces sentiments sans toutefois perdre de vue l'intérêt professionnel de cette plateforme.

Mais vous, comment percevez-vous LinkedIn ? Avez-vous déjà ressenti ces effets ? Comment gérez-vous votre rapport à cette plateforme ? J’aimerais ouvrir la discussion et recueillir vos témoignages.

N’hésitez pas à partager votre expérience en commentaire. Parce qu’après tout, LinkedIn n’est qu’un outil, et c’est à nous d’en faire bon usage.


Rédaction: Sébastien GENTY

 
 
 

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